Les religions ont longtemps façonné le monde dans lequel nous vivons. Quels que soient leurs principes de base, elles ont toujours eu pour but principal de structurer la société en instaurant divers mythes ou récits qui expliqueraient l’origine du monde. Elles ont aussi mis en place des règles qui devaient être suivies pour éviter la colère des dieux ainsi que leurs représailles. Ainsi au fil des millénaires plusieurs systèmes de croyances comme le polythéisme ont été observés dans les habitudes des peuples. Mais c’est quoi une religion polythéiste et quelle est son origine ? Dans l’article, nous vous expliquerons cela en détail.
Définition et origine du mot polythéiste
De l’adjectif grec « polus » qui signifie « beaucoup ou nombreux » et du substantif « theos » qui signifie « dieu », le mot polythéisme est un terme désignant la multitude des dieux. Il fut inventé par Philon d’Alexandrie, un auteur et un philosophe juif vivant au Ier siècle avant J.-C et pratiquant le judaïsme comme religion. Il inventa le terme pour pouvoir argumenter avec les Grecs sur les questions de la pluralité des cultes voués à leurs différentes divinités.
Le polythéisme est alors une croyance religieuse ou philosophique admettant l’existence de plusieurs puissances divines encore appelées panthéon (tous les dieux, du grec pan « tout » et theos « dieu »). Une religion polythéiste se caractérise de ce fait par une diversité de dieux qui sont tous honorés par les adeptes. Ce panthéon n’est cependant pas contradictoire avec l’idée d’un dieu patron au-dessus des autres ou encore l’idée d’une unité du divin.
Ainsi chaque système polythéiste l’est à sa manière avec des mythes, des épopées et autres textes littéraires qui le caractérisent. Il est même possible que des systèmes comprennent des sous-systèmes dans lesquels les dieux et leurs relations sont interprétés différemment par les croyants. Mais il est néanmoins fréquent d’observer qu’il y a partage des domaines de compétences ou d’influence entre les divinités.
Cela peut être d’un point de vue ‘’phénomène naturel’’ avec des dieux de la fertilité, de la foudre ou autres. Il peut s’agit d’un partage territorial avec des dieux dont le pouvoir ne se limite qu’à une région ou ville précise. Le partage de compétence peut également ne concerner qu’un groupe de professionnels ou un clan ethnique par exemple.
Dans certains systèmes, un dieu ou un groupe de dieux cumulant plusieurs fonctions sont érigés en maître, exerçant une plus grande influence sur la communauté. Les dieux peuvent même être l’objet de certaines préférences locales en fonction des relations de type familial ou social (fils/père, subordonné/supérieur hiérarchique) qu’on les attribue.
Les religions polythéistes ne sont pas figées, elles peuvent présenter plusieurs variantes d’un groupe de personnes à un autre, selon les rôles et relations caractérisant les panthéons. Il n’est d’ailleurs pas rare que de nouvelles divinités soient accueillies dans ces multitudes ou encore que plusieurs redéfinitions ou réadaptations des rôles ou relations soient observées en fonction de la région.
Quelques religions polythéistes
Plusieurs religions polythéistes ont disparu au fil du temps après la naissance des grands courants monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam. Certains existent encore de nos jours, mais ont beaucoup évolué dans leur doctrine. Ainsi les religions polythéistes les plus importantes de l’antiquité se sont formées grâce au rapprochement des États importants qui devaient commercer entre elles. Cela a conduit à un véritable métissage avec des populations qui ont pris l’habitude de prier les Dieux de l’une ou l’autre cité. Les religions polythéistes les plus populaires sont alors :
- les religions antiques du Moyen-Orient ;
- la religion de l’Égypte antique ;
- la religion des Celtes ;
- la religion des Perses ;
- la religion de la Grèce antique ;
- la religion des Romains ;
- les religions germaniques et scandinaves ;
- les religions slaves et balkaniques ;
- les religions précolombiennes de Mésoamérique ;
- la religion chinoise ;
- l’hindouisme ;
- le shintoïsme.
L’hindouisme ou sanatana dharma est l’une des nombreuses religions polythéistes encore pratiquées aujourd’hui. Il admet l’existence de plusieurs divinités qui ne sont rien d’autre que les différentes facettes d’une seule entité, le brahman. Cette religion se place en troisième position derrière le christianisme et l’islam dans le classement des religions avec le plus d’adeptes au monde. C’est l’un des plus vieux systèmes de croyances ayant existé et il est le plus répandu en Inde d’où il est originaire. Il n’a ni fondateur, ni dogme imposé, ni institution cléricale uniformément organisée.
Différence entre polythéisme et monothéisme
Le monothéisme du grec « mono » qui veut dire « unique » et « theos » qui veut dire « dieu » est un système de croyances dans lequel un seul Dieu est adoré et honoré par les adeptes. Il est érigé en unique sauveur devant les autres divinités qui sont considérées comme fausses ou intruses. Le mot a été inventé par le philosophe anglais Henry More au XVIIe siècle. Il voulait à travers ce terme distinguer la religion juive de la religion chrétienne qui affiche sa foi en un Dieu unique divisé en trois personnes que sont le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Malgré leur opposition apparente, le polythéisme et le monothéisme ne sont pas deux principes contradictoires. Le polythéisme admet et honore plusieurs divinités, mais peut parfois évoluer et prendre la forme d’une monolâtrie. Il peut ainsi considérer une seule divinité maitresse qui patronne les autres dieux qui lui deviennent inférieurs. Il peut également prendre la forme d’un hénothéisme qui est un système de croyances intermédiaire entre le polythéisme et le monothéisme.
Ainsi pour conclure on peut dire que la principale différence entre une religion polythéiste et une religion monothéiste réside dans le nombre de dieux. Le premier système admet l’existence de plusieurs dieux à qui il voue chacun un culte ou non. Le second système quant à lui n’admet que l’existence d’un Dieu suprême à tout et qui créa tout.