Aussi vieux que le christianisme, le terme presbytère a désigné à travers les siècles différents aspects de l’église. Dans l’architecture et l’art, il est utilisé pour parler de l’espace entourant le maître-autel d’un temple. Dans l’Église chrétienne catholique, il désigne aussi un groupe de prêtres incardinés étant sous l’autorité de l’évêque local. Un corps de prêtres considéré dans son ensemble s’appelle aussi un presbytère. Dans les temps modernes, le mot évolue et s’étend à la maison du clergé qui est également appelée presbytère. Mais c’est quoi réellement un presbytère et quelle est son origine ?
Définition d’un presbytère
Le presbytère, du latin presbyterium « conseil des anciens » et celui du grec « πρεσβύτερος » qui signifie le plus ancien, est l’espace qui précède le maître-autel d’un temple ou d’une cathédrale catholique. C’est une zone allant de l’autel principal jusqu’aux pieds des marches où il est monté. Il est généralement entouré d’une clôture ou d’une balustrade.
Il était, jusqu’au Concile Vatican II, réservé au clergé et pouvait être séparé de la nef centrale par des marches, des escaliers ou une balustrade dite de communion. C’est généralement le lieu de la chorale, mais pas nécessairement. Ainsi, avec l’arrivée du christianisme, l’espace réservé aux plus anciens membres du clergé fut désigné par ce mot.
L’origine du presbytère
La partie de l’église réservée au haut clergé était connue dans l’Antiquité sous divers noms, dont presbyterium. Ceci en raison de son occupation lors des fonctions liturgiques par des prêtres liés à une église et disposés en hémicycle autour de l’évêque. Le presbytère était également connu sous le nom d’abside, d’exèdre, de coquille, dénominations faisant référence à sa forme. On l’appelait aussi bema par le fait qu’elle s’élevait au-dessus du niveau de la nef et qu’on y accédait par un escalier de plusieurs marches. Tribune, en raison de son emplacement et de sa ressemblance générale avec un tribunal de basiliques civiles où les magistrats rendaient la justice. Au Moyen Âge, ces différentes appellations sont pour la plupart remplacées par le terme chœur, qui à son tour laisse place au terme moderne de sanctuaire.
Le chœur était séparé du reste de l’église par des grilles (cancelli). Ainsi, Eusèbe, dans son discours de dédicace à Tyr, décrit cette particularité de l’église et de ses objets avec ses mots : « le Saint des Saints, l’autel ». Il explique qu’il était clos d’une grille en bois, travaillé avec une sculpture artistique pour le rendre inaccessible à la foule. À Constantinople, comme le montre l’épisode relaté par Théodoret dont les acteurs étaient Théodose le Grand et saint Ambroise, l’empereur avait l’habitude de rester dans le presbytère pendant la célébration de la liturgie. Le Concile in Trullo (canon LXIX), suivant une ancienne tradition, exclut spécifiquement l’empereur de la règle générale de réserver le presbytère au clergé. De cette interdiction stricte vis-à-vis des laïcs est né le terme adyta (inaccessible) pour le presbytère.
Évêque et prêtres une famille sacerdotale
Dans les Églises particulières fondées par les Apôtres, les « presbytres » formaient un sénat ou collège avec l’Apôtre qui les avait fondés ou avec le responsable (évêque) nommé par eux. Le mystère de la communion de l’Église se manifeste de manière particulière dans la communion ou fraternité du presbytère, où les prêtres constitués par l’Ordination dans l’Ordre du Sacerdoce, sont tous unis entre eux par l’intime fraternité sacramentelle. Dans la concélébration, l’unité du sacerdoce est manifestée de manière appropriée. L’évêque, les prêtres et les diacres font partie du presbytère, en tant que collège de ministres ou de serviteurs du Christ.
Signe effectif sacramentel
C’est la « fraternité sacramentelle » ou « fraternité intime » exigée par le sacrement de l’Ordre, signe efficace de sanctification et d’évangélisation. Pour cette raison, le presbytère est un mystère et une réalité surnaturelle qui qualifie la spiritualité de ses composantes dans le sens d’appartenance à une « famille sacerdotale ».
Cette réalité de la grâce, jointe au fait d’appartenir à l’Église particulière, fait partie intégrante de la spiritualité du prêtre qui s’occupe du ministère. Elle implique également la coresponsabilité et l’entraide dans la vie spirituelle, pastorale, intellectuelle, économique et personnelle. La fraternité du presbytère est un lieu privilégié où chaque prêtre surtout le diocésain ou séculier, parce qu’il est incardiné, peut trouver les moyens spécifiques de sanctification et d’évangélisation.
Un mode de vie selon les Apôtres
La communauté du presbytère ne serait pas possible sans la référence explicite à l’évêque et sans l’action du charisme épiscopal (PDV 79). L’évêque est le fondement visible de l’unité dans l’Église placée sous son autorité et dans son presbytère. C’est lui qui doit avant tout favoriser la sainteté de ses clercs, religieux et laïcs, selon la vocation particulière de chacun.
La construction du presbytère, selon le modèle de vie apostolique, sera un canal normal pour l’autonomisation de ses composantes en termes d’actions apostoliques locale et universelle. Cette réalité de la grâce sera le moteur de l’Église particulière ou du diocèse missionnaire, ainsi que l’encouragement des vocations sacerdotales et le service qui vivifie toutes les autres institutions religieuses et laïques du diocèse.